
Turbulences
Action Art Actuel, St-Jean-sur-Richelieu, 2015
« Dans le cadre d’une résidence, AAA est devenu le laboratoire de Rosalie D. Gagné. Plus d’un mois de travail in-situ lui a permis d’y développer Turbulences, une installation immersive qui prend la forme d’un parcours en trois temps. »
— Marie-Hébert, AAA
S’inscrivant dans la continuité des recherches entamées lors de projets antérieurs, cette installation s’inspire librement de l’architecture réactive, un courant artistique explorant les interactions entre les systèmes naturels et artificiels. Le biomimétisme, qui consiste à imiter les fonctions, les comportements et les processus de vie à travers la simulation numérique, demeure l’un des modèles prédominants pour concevoir de tels environnements.
Dès son entrée dans la galerie, le visiteur est accueilli par des cloisons translucides qui redéfinissent l’espace, créant ainsi un vestibule. En s’approchant, ces cloisons s’animent d’un mouvement d’expansion et de contraction, évoquant la respiration. Après avoir franchi cet espace, le visiteur découvre un réseau de branches donnant l’impression d’une forêt réagissant à sa présence et à son toucher. Un élément sculptural rappelant le fonctionnement d’une horloge à eau marque la fin du parcours.
Entre murs qui respirent et branches d’arbres hypersensibles, l’installation, bien que constituée de pellicules plastiques et de branches animées de manière électromécanique, présente des qualités résolument organiques. Ces contradictions matérielles évoquent le concept freudien d’inquiétante étrangeté (das Unheimliche), qui se résume comme suit : « Le doute suscité soit par un objet apparemment animé dont on se demande s’il s’agit réellement d’un être vivant, ou encore par un objet sans vie dont on se demande s’il ne pourrait pas s’animer » [1].
[1] Sigmund Freud, L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Folio essais, 1985.
Polythène, ventilateurs, microcontrôleur, ruban adhésif conducteur, moteurs vibrants, verre soufflé, métal, eau blanche bois et branches de pommier.
Design électronique et programmation : Samuel St-Aubin
Photos : Michel Dubreuil